
Calendrier de création à La Girandole
Résidence : du 10 au 23 mars 2025
Sortie de résidence : vendredi 21 mars à 18h
Pour info et réservation : anayd@hotmail.fr
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Note de présentation
Tout commence par une expérience sensible. C’est par l’expérience du monde que les idées viennent[1]. La mienne est celle d’une tranche de vie partagée avec une chambre et ses cafards. Insectes peuplant l’imaginaire collectif. Insectes kafkaïen. Insectes qui rendent fous seulement ceux qui les connaissent.
De cette expérience sensible a découlé un amoncellement de ressentis physiques et internes : peur, obsessions, sursauts, angoisse, corps tendu, perturbations, observations, occupations, retards, dérèglements, contraintes, insomnies, traces de présence, poursuite, traque, troubles de l’alimentations, pleurs, dégoût, mépris, rage, morbidité, affection, confusions.
Cet amoncellement d’états m’a conduit alors à la mise en place d’un système de survie mentale. Une modification certaine de mon rapport au monde. L’extérieur et l’intérieur deviennent signifiants. Ma vie se dédouble. Ma vie avec eux, ma vie avec les autres, et ma vie avec les autres à travers eux. Moi et Eux. Les Autres et Eux. Le Monde et Eux. Puis finalement Moi, Eux, et le Reste. Nous et Les Autres.
Je me questionne. Qui fait partie de ce monde pour moi ? Qui a le droit d’exister dans ce monde ou pas ? Qui a le droit de vie et de mort sur l’autre ou pas ? Pourquoi ? Était-ce moi qui vivais chez eux ou eux qui vivaient chez moi ? Qui avait le droit de vivre ? Qui avait colonisé l’autre ? Qui est l’autre ? Pouvait-on vivre avec les autres ? Qui peut se tolérer ?
La formule de Rimbaud résonne. “Je est un autre”.
Étais-je devenue eux ? Étaient-ils devenus moi ?Une aversion affective entre nous est née.
La substance de nos être s’était retrouvée étrangement mêlée. Je n’avais de mots que pour eux, tandis qu’eux faisaient leur nid au creux de mes chaussettes.
De cette union non désirée naquit ce spectacle.
[1] John Locke, Essais sur l’entendement humain 1735
“Supposons donc qu’au commencement, l’âme est ce qu’on appelle une table rase, vide de tous caractères, sans aucune idée, quelle qu’elle soit.(…) Les observations que nous faisons sur les objets extérieurs et sensibles (Sensation), ou sur les opérations intérieures de notre âme (Réflexion), fournissent à notre esprit les matériaux de toutes ses pensées.”
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